Introduction
"Philédia, pays bordé par les plaines d’Amhas et les montagnes de Nacanos, contrôlé par un étrange peuple. Les Amazones des Steppes Orientales, dites les Steppes Vaïnacks. Son paysage rocheux et desséché n’inspire que crainte et désolation. Peu d’Hommes s’aventurent dans les steppes, de peur de tomber sur les « Oiorpatia », les tueuses d’hommes. Qui sont-elles ? Une simple légende ? Ou bien de véritables femmes guerrières dignes des barbares des pays froids ?
Plusieurs théoriciens et historiens disent qu’elles sont les descendantes de la Déesse de la mort, Vaïnack. Mais je serai d’avis de dire qu’elles ne sont qu’un simple peuple qui honore la Déesse Vaïnack, comme nous autres vénérons Kenawn, notre Dieu bienfaiteur. Selon l’histoire des Trois Divinités, le peuple d’Anthiopp se divise en trois grandes civilisation : l’empire Amhas, dirigé par l’empereur Heck ; la principauté de Nacanos, notre royaume ; et enfin Philédia, où les peuples sont libres.
Libres… Si je puis dire, car ces terres hostiles ne peuvent accueillir que les démons et serviteurs de Vaïnack. Aucune ressource n’existe, aucune terre n’est cultivable. Seules, quelques forêts permettent à la faune de vivre. Alors, les Oiorpatia existent elle vraiment ? Je maintiens cette hypothèse car de nombreux hommes sont retrouvés mort ou mutilés aux abords de la frontière. Quelques soit leur peuple, qu’ils soient d’Amhas ou de Nacanos, leurs bras et leurs jambes sont atrophiés. Leurs yeux brûlés et, ils sont vêtus de peaux de bêtes aux pelages noir, inconnus de nos bestiaires.
Pour moi, les amazones, les Oiorpatia, des Steppes de Vaïnacks, existent bel et bien. Mais qui sont-elles réellement… Créatures des enfers ? Servantes de Vaïnacks ? Ou alors des créatures dont nos yeux ne peuvent voir leur beauté de peur d’être brûlés ?
Les Origines d’Anthiopp - Dacanos Ier du nom"
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Sous une nuit où les deux lunes d’Anthiopp, des cris résonnent. Dans une petite cavité, plusieurs femmes, aux seins droits mutilés, s’affairent. L’une d’entre elle poussait des cris de douleurs et de fatigue. Les jambes écarté sur un lit de fortune ; une immense pierre froide. Sa longue chevelure noire collait sur ses tempes en sueur, ses yeux cernés sont injectés de sang, sous l’effort. Elle accouchait, difficilement. Le travail avait commencé depuis longtemps. Le soleil avait disparut. Elle le savait car les nuits sont fraîches. Des gouttes d’eau coulent le long des stalagmites. Et encore un cri atroce lui échappe. Son souffle se saccade, mais les pleurs de l’enfant la rassurent. Une sage femme s’approche avec le nouveau-né dont la peau et encore fripée et rouge. Ses petites mains refermées sur elle-même bougent timidement, ce qui fit sourire la mère. Une autre contraction lui rappelle que le travaille n’est pas fini. Un deuxième enfant allait naitre, elle ne peut encore se reposer, mais elle est à bout. Elle peut mourir se dit elle, une fille est née, que demander de plus. Une autre fille ?
Plus le temps de se poser les questions, la tête de l’enfant se montre. Encore quelques effort à faire, encore un petit moment à souffrir. Ses ongles entrèrent dans la peau des deux femmes qui la soutienne. Plus qu’un petit effort, il y est presque. Sa fille va enfin voir le jour.
Une nuit où les deux lunes seront pleines, jumeaux tu auras. Choix difficile s’offrira à toi.
La phrase de la vieille Mélisse, la prêtresse mère de Vaïnacks lui revint subitement. Mais quel choix ? Deux filles vont lui être offertes. La deuxième naissance est beaucoup plus calme, ce silence n’est pas bon. Pourquoi ces femmes ne chantent elles pas ? Que se passe t il ? Pourquoi seulement les pleurs de ma fille.
- Montrez-moi ma fille ! Ordonne t elle.
Personne ne bouge, on peut lire toute la peine du monde sur leurs visages ridés. Jumeaux. Ce mot résonne dans son crâne… Elle venait de comprendre. Le choix difficile.
- Montrez-moi mes enfants ! Répète t elle la voix pleine de folie.
- Matriarche Marpessa, vote fille est en plein rituel. Vous la verrez plus tard, déclare calmement une prêtresse.
- L’autre enfant ?!! Cri t’elle.
- L’autre enfant… Ma sœur s’en occupe, Matriarche.
- Qu’on me l’amène ! Tout de suite ! C’est mon enfant ! C’est à moi de décider de sa vie !
La prêtresse s’incline dans sa somptueuse robe en étoffe noir, puis revient quelques instants plus tard, avec le second bébé dans les bras.
- C’est un mâle, Matriarche.
- …
- Matriarche Marpessa, il faut s’en débarrasser. Pour notre Déesse, dit la prêtresse.
- Non ! Je défis la déesse, s’il le faut ! Cet enfant vivra. Envoyez Héphère, elle sera où le mettre, exige Marpessa.
La prêtresse obéit et donne l’enfant à une autre femme, qui le recouvre d’un linge noir, après l’avoir marqué d’un signe Vaïnack. Deux cercles qui sont liés.
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L’orage gronde sur un paysage rocheux, où la pluie s’infiltre dans le sol assoiffé. Le ciel noir cache les deux lunes rondes qui peinent à éclairer ces steppes désertiques. Un cheval à six pattes galope à grande vitesse, montait par une silhouette, en amazone, dissimulée sous une cape noire. Sa monture soufflait tout son hale, sa crinière blonde dansait le long de son coup, balayant la poussière du sol qui remonte sous ses pas. Un arc et carquois sur le dos, elle tenait fermement les rennes de sa montures et fouetter l’air pour lui demander d’accélérer. Elle devait faire vite, elle devait remplir sa mission. Un éclair tombe au loin brûlant un pauvre arbuste qui tentait de survivre. L’orage se rapproche.
Une créature aux poils hirsute lui saute dessus et la fait tomber de son cheval. Une main prise par un étrange paquet, la silhouette tente de dégainer une petite dague. Mais au dernier moment, elle esquive une autre créature qui surgit du sol. Ses pinces s’agitent dans tous les sens. Elle se prépare à attaquer, elle le sent. Les yeux rouges des créatures, dont le nombre augmente, ne présage rien de bons. Elle se relève et défait sa cape, découvrant une taille gracile vêtue d’une étoffe légère qui découvre une culotte de cuir brunit où deux dagues et une épée logeaient. Une demi-brassière en cuir retenait son carquois, coupant sa poitrine en deux prouvant l’inexistence de son sein droit. La pluie s’écoule délicatement le long de son visage triangulaire, dont les traits fins dissimulés une cicatrice sur le menton. Ses courts cheveux noirs contrastaient de brillance avec le pelage hirsute de ses assaillants.
Les créatures à la gueule remplie de crocs acérés, dont deux énormes pinces jointent les deux parties inférieures de leur mâchoires. Leurs yeux rouges, sans pupilles, fixaient avec appétit la guerrière. Ces créatures à quatre pattes creusent dans le sol pour se mouvoir. Extrêmement rapide et sournois, les jellhis n’attaquent qu’en meute, suivant un principe de chasse simple mais efficace. Tout d’abord, ils surprennent leur proie, pour ensuite sortir un à un du sol pour l’encercler.
Les grognements des jellhis n’effrayent pas cette vieille guerrière, elle prend précautionneusement sa lame, et se positionne pour le combat. Une créature se jette sur elle, les autres suivent. Elle découpe, plante et tranche ses créatures avec facilité. Le sang frais tache son visage pris de folie sanguinaire. Il ne reste plus que deux jellhis devant elle. Craintifs et suppliants, les assaillants s’enfuient. Avec agilité, elle prend son arc et décoche deux flèches qui se fichent dans le gosier des fuyards. Pensant que le combat était terminé, elle perd son attention et n’arrive pas à esquiver la mâchoire du dernier jellhis qui lui saute au cou, plantant ses griffes tranchante dans ses bras et déchire son ventre plat et musclé. D’un mouvement vif, elle attrape une de ses dagues et ouvre de haut en bas l’animal. Un couinement de douleur et la bête s’effondre sur elle, sang et tripes se déversant. Douloureusement, elle le pousse pour se mettre à genoux, et nettoyer sa lame dans le pelage poisseux du jellhis.
Elle siffle deux notes aiguës et son cheval apparait. Elle prend une de ses dagues aux manches dorés et le dépose dans un panier avec l’étrange paquet, dont des pleurs s’échappent. Difficilement, elle relève un bras et frappe sur la croupe de sa monture qui démarre dans un galop effrayé. L’animal disparaît dans le lointain laissant derrière lui un nuage de poussière. La guerrière crache du sang puis s’effondre, un sourire aux lèvres.
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Des cloches tintent. L’heure du conseil est arrivée. Assis à leurs places respectives tous les conseillers de guerre de l’empire d’Amhas attendent leur souverain. L’écho de la dernière cloche s’engouffre dans l’immense dôme du Quinthta. Un vieil homme apparaît dans une robe pourpre, couleur de la souveraineté d’Amhas. Droit dans sur son trône d’or et de rubis, il claque ses dents dissimulés par un barbe longue et fournie. La foule se tait, prête à écouter leur Empereur.
- L’heure est grave, Conseillers ! Si je vous ai réunis ici, c’est pour vous annoncer que la guerre nos est déclaré ! Il fut coupé par un brouhaha de protestation. Du calme ! Du calme… Qu’avez nous à craindre de nos ennemis, Messieurs ? Ce ne sont que des femelles. Oseriez-vous contredire votre empereur ? Son regard dissuasif fixait un à un les conseillers.
- Majesté, n’avez-vous jamais entendu les légendes de ce peuple Vaïnack ? Tente le plus jeune d’entre eux en remontant ses lunettes qui glissent le long de son court nez.
- Quelles légendes, mon cher Abhias ? Votre jeune âge ne vous fait dire que des sottises. S’effarouche un homme de la quarantaine.
- Distel, veuillez vous asseoir, repris l’empereur Ems. Abhias, qu’est ce qui vous fait dire cela ?
- Et bien, Père… Je veux dire Empereur Ems, se reprend Abhias. J’ai pu lire que ces Vaïnacks sont des représentantes de la déesse de la mort. Pourquoi vouloir affronter de telles créatures ?
- Ah ! Vous êtes bien pleutre pour réagir ainsi, Seigneur Abhias. Pourquoi de simple femme vous ferait elles peur ?
- Général Distel ! Il suffit, vous manquez de respect à un héritier.
- Pardonnez-moi, mes Seigneurs, Instructeur Vaïos, mais si notre Seigneur Abhias ne passait pas son temps parmi les livres, mais plus souvent sur les champs de bataille, il comprendrait que ce sont les hommes qui combattent, pas les femmes.
- Comment osez-vo…
- Suffit, hurle Ems. Général, faites ce que vous avez à faire, ces Vaïnacks n’effraie pas le peuple d’Amhas. Préparez vos troupes, nous partons dans deux jours. Abhias, vous partez avec nous, préparez vous, vous aussi.
Le jeune homme s’incline face à son père, peu enthousiasme à cette guerre. Il a un mauvais pressentiment. Quelque chose va arriver à l’empereur, et cela l’effraie plus que ces femmes démons. Le général Distel fait claquer ses bottes et sort du Quinthta, fier. Quand les portes s’ouvrent, une légère brise entre dans le bâtiment, soulevant des feuilles de l’arbre de la cour. Une d’entre elle retombe sur les genoux tremblant du vieux souverain. Une feuille noire, le signe de Vaïnack, Déesse de la mort.